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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/72

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mille francs, l’équipa en trois jours, et le quatrième était en ligne à la tête de sa troupe.

Cela, et le refus de la loi sur le timbre à Buonaparte dans tout l’éclat de sa puissance, sont des traits que la France n’égalera jamais.

2 mai. — Ce soir, en revenant du concert de madame G***, où Velutti a chanté, j’ai reçu les confidences d’un de mes nouveaux amis ; il vient de me tenir, sous ces beaux portiques qui conduisent au théâtre, jusqu’à deux heures du matin. Il y a un an qu’il a quitté sa maîtresse ; il se désespère et ne peut l’oublier ; il se plaisait à me raconter les moindres circonstances de leurs amours. J’admirais qu’un homme de trente-cinq ans, riche, bien fait, militaire, pût avoir tant de faiblesse ou tant d’amour : rien de plus commun en Italie. Il se couvrira de ridicule, du moins dans nos idées françaises, en reprenant sa maîtresse, et il la reprendra ou mourra fou. Elle, piquée de l’éclat d’une rupture où il n’avait que trop raison, le fera passer par les conditions les plus dures. J’ai déjà rencontré sept à huit de ces désespoirs. Il me semble que cela donne de la dignité à l’amour italien.

Comme un roman n’est intéressant