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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/85

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montré à personne, pas même à la Gina. »

11 mai. — Traduction du cahier du comte :

« Alfieri haïssait les rois dans sa jeunesse, parce qu’il n’était pas né roi. Lorsqu’il se mit à lire et à s’instruire, il resta fidèle à sa haine, et se fit illusion sur son origine.

« Il se croyait républicain, et dans le fait ne désira jamais qu’une république sur le modèle de celle de Rome, où il y aurait des patriciens aussi bien que des plébéiens, et où un homme de talent pouvait toujours espérer de devenir dictateur. Il ne pouvait souffrir les rois, parce que c’étaient les seuls êtres auxquels il fût né inférieur ; mais il avait la plus haute vénération pour la noblesse, d’abord parce qu’il était né noble, et que le pouvoir absolu sur les inférieurs, qui appartient à cet ordre en Piémont, lui était fort agréable. Quand il fut devenu philosophe, il ajouta, parce que ce pouvoir pouvait être exercé par une grande âme, d’une manière utile à ces inférieurs.

« Après avoir été réveillé du sombre ennui de sa jeunesse par la lecture de Plutarque ; après avoir parlé avec les transports de la haine la plus féroce du gouvernement modéré des princes de