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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/218

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d’affinités plus fatales encore, nous serions épouvantés de ce que la nature recèle, dans son sein indifférent, de contradictoire à la conscience humaine.

J’ai vu de près, j’ai connu par de tristes confidences plus d’un exemple de ces erreurs du sang. Ici du moins, grâce à l’inépuisable et un peu aveugle tendresse de ma mère, il n’y eut qu’une fatalité très-adoucie par la raison, par la volonté, par la gratitude.

Peu après ma sortie du couvent, nous allâmes en Touraine, et les alternatives régulières de nos saisons à Paris et à la campagne reprirent comme auparavant, avec cette différence néanmoins que j’étais plus qu’auparavant seule avec ma mère.

Ma grand’ mère Lenoir, quoique en excellents termes avec sa belle-fille, ne vint plus au Mortier après la mort de son fils. Elle alla se fixer à Château-Thierry auprès de la famille Tribert, liée de longue date avec la famille Lenoir. Ma sœur Auguste quitta Paris pour aller s’établir à Francfort. Mon frère, depuis qu’il était entré dans la diplomatie, désireux de faire son chemin et de contenter ses chefs, ne prenait que de rares congés ; l’oncle aussi ne faisait plus que de courtes apparitions en France, et comme ma mère n’avait aucunement l’esprit de tradition, comme elle ne me parlait jamais ni d’elle-même, ni de mon père, ni d’aucun de nos proches ou de nos ancêtres, il arriva que, dans