Aller au contenu

Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une fille riche à épouser ou à marier n’étaient pas un mince appât pour la convoitise de nos dévots. Et, de fait, à quelque temps de là, un jour que je me trouvais seule à la maison, la femme de chambre vint m’avertir que M. l’abbé de la Trèche demandait à me parler. Je fis répondre que, ma mère étant sortie, je ne pouvais recevoir personne. Il insista et me fit passer sa carte avec un petit mot au crayon sur l’urgence de la communication qu’il avait à me faire. Mais j’étais prévenue par le curé de la Madeleine — l’abbé Gallard — qui n’aimait point cette petite église dans son église, qu’il y avait là sous jeu quelque intrigue, et je m’obstinai dans mon refus.

Notre prochain départ mit fin à l’incident. L’année d’après, sans que j’aie jamais su pourquoi, M. Coëssin et sa secte avaient disparu de l’Assomption. Peut-être l’abbé Gallard leur avait-il fait entendre qu’il les connaissait et les surveillait ; toujours est-il qu’en cette occasion, comme en plusieurs autres, il me prémunit contre les dangers de la vie dévote, auxquels mon extrême candeur m’exposait plus que personne.

Ce bon abbé Gallard, devenu mon confesseur, n’avait ni grand esprit ni grand talent, mais c’était un homme de grand bon sens, et tel qu’il le fallait à mon âme ardente pour la préserver de ses propres entraînements.

Bien que d’une assez humble origine et d’un âge