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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/344

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va se réunir aux Tuileries. Rentrez chez vous tranquillement ; quand il y aura quelque chose à faire pour vous, je vous ferai avertir. »

Et comme mon frère essayait de lui faire entrevoir ses doutes touchant la facilité de la répression, le sourire du prince prit une expression compatissante, mystérieuse, illuminée, qui ne permettait plus que le silence. Mon frère revint à la maison moins rassuré et moins rassurant que son chef. Sur son chemin, il avait vu beaucoup de choses qui n’étaient point en accord avec la sécurité du ministre : les groupes populaires, de plus en plus nombreux, agités, où l’on proférait des menaces, des cris « à bas Polignac ! » ; une fermentation qui, loin de s’apaiser sur le passage des troupes, semblait les provoquer au combat. En entrant dans le salon de ma mère, où plusieurs de nos amis ultraroyalistes se réjouissaient bruyamment de « la bonne raclée » qu’allaient recevoir les révolutionnaires, il nous fit part de ses impressions et nous apprit la nomination du maréchal. On lit une exclamation de surpise et de mécontentement : — « Raguse ! un homme si peu sûr, à la tête des troupes ! ce n’était pas possible ; il y avait quelque chose là-dessous ! » — El l’on se dispersa pour aller aux nouvelles.

La chaleur était accablante. J’allai dans le jardin chercher un peu d’ombre et de fraîcheur. Ceux de nos amis qui n’étaient pas sortis vinrent avec moi. Nous