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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/152

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— J’espère pourtant, continua-t-il, qu’il se rétablira ; mais nous sommes tous affligés de son état. »

« Tu es bon et galant homme, s’écria mon oncle Tobie, j’en réponds ; et je veux que tu boives toi-même à la santé du pauvre gentilhomme avec du vin sec. — Et prends-en une couple de bouteilles, mon ami, et porte-les-lui avec mes complimens, et dis-lui qu’elles sont fort à son service ; et même une douzaine de plus, si elles lui font du bien. »

« Quand l’aubergiste eut fermé la porte, — cet homme-là, Trim, dit mon oncle Tobie, porte à coup sûr un cœur compatissant ; — mais j’ai conçu aussi la meilleure opinion de son hôte : il faut que cet étranger ait un mérite rare, pour avoir su gagner en si peu de temps l’affection de l’aubergiste. — Et de toute sa famille, ajouta le caporal ; car ils sont tous affligés de son état. — Cours après lui, dit mon oncle Tobie ; — va, Trim, et demande lui s’il sait le nom du pauvre gentilhomme. » —

« Ma foi ! dit l’aubergiste en rentrant avec le caporal, je l’ai oublié ; mais je puis le demander à son fils. — Il a donc son fils avec lui, dit mon oncle Tobie ? — Un garçon d’environ onze ou douze ans, répliqua l’auber-