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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/165

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le jugeroit à propos ; et il ne songea plus qu’à voir comment, de son côté, il pourroit secourir le lieutenant Lefèvre et son fils.

Que l’Être souverainement bon, qui est l’ami de celui qui est sans amis, puisse un jour te récompenser !

« Tu n’as pas fait tout ce que tu aurois dû faire, dit mon oncle Tobie au caporal, en se mettant au lit ; et je vais te dire en quoi tu as manqué. En premier lieu, quand tu as fait offre de mes services à Lefèvre, comme la maladie et le voyage sont deux choses coûteuses, et que le pauvre lieutenant n’a sans doute que sa paie pour vivre et pour faire vivre son fils, — tu devois aussi lui offrir ma bourse. — Ne savois-tu pas, Trim, que, puisqu’il étoit dans le besoin, il y avoit autant de droit que moi-même ? — Monsieur sait bien que je n’avois point d’ordre, dit le caporal. — Il est vrai, dit mon oncle Tobie ; tu as, Trim, très-bien agi comme soldat, mais certainement très-mal comme homme.

» — En second lieu… mais tu as encore la même excuse, continua mon oncle Tobie… Quand tu lui as offert tout ce qui étoit dans ma maison, tu devois lui offrir ma maison aussi. — Un frère d’armes, Trim, un offi-