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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/166

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cier malade, n’a-t-il pas droit au meilleur logement ? Et si nous l’avions avec nous, nous pourrions, Trim, le veiller, le soigner ; tu es toi-même une excellente garde ; et avec tes soins, ceux de la servante, ceux de son fils et les miens réunis, nous pourrions peut-être le rétablir et le remettre sur pied.

» Dans quinze jours peut être, ajouta mon oncle Tobie en souriant, il pourroit marcher. — Sauf le respect que je dois à monsieur, dit le caporal, il ne marchera de sa vie. — Il marchera, dit mon oncle Tobie, se relevant de dessus son lit avec un soulier ôté. — Avec la permission de monsieur, dit le caporal, il ne marchera jamais que vers sa fosse. — Et moi, je soutiens qu’il marchera, s’écria mon oncle Tobie, en marchant lui-même avec le pied qui avoit encore un soulier, mais sans avancer d’un pouce ; — il marchera avec son régiment. — Il ne peut pas se porter, dit le caporal ! — Eh bien ! on le portera, dit mon oncle Tobie. — Il tombera à la fin, dit le caporal ; et que deviendra son pauvre garçon ? — Non, — il ne tombera pas, dit mon oncle Tobie d’un ton assuré. — Hélas ! reprit Trim soutenant son opinion, faisons pour lui tout ce que nous pourrons ; mais le pauvre homme n’en mourra pas moins. — Il ne mourra