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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/168

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et le rappellent sans cesse au cœur, perdoient en lui la force et le mouvement. —

En ce moment, mon oncle Tobie, qui s’étoit levé une heure plutôt que de coutume, entra dans la chambre du lieutenant. Il s’assit à côté de son lit, et sans préface ni apologie, sans nul égard pour toutes les modes et coutumes, il ouvrit son rideau, comme auroit fait un ancien ami ou un camarade ; et aussitôt il lui demanda comment il se portoit, — s’il avoit reposé la nuit, — de quoi il se plaignoit, — où étoit son mal, — ce qu’il pouvoit faire pour le soulager ; — et, sans lui donner le temps de répondre à une seule question, il lui dit le petit plan qu’ils avoient concerté pour lui la veille avec le caporal.

« — Vous viendrez chez moi, Lefèvre, dit mon oncle Tobie, — dans ma maison, — tout-à-l’heure ; — et nous enverrons chercher un médecin, pour voir ce qu’il y a à faire ; — nous aurons aussi un apothicaire ; — le caporal sera votre garde, — et moi, Lefèvre, votre domestique. »

Il y avoit dans mon oncle Tobie une franchise qui n’étoit pas l’effet, mais la cause de sa familiarité. Elle vous introduisoit sur le champ dans son ame, et vous faisoit voir toute la bonté de son naturel. — À cela,