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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/169

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il se joignoit dans ses regards, dans sa voix et dans ses manières, je ne sais quoi d’humain, qui, dans tous les momens, invitoit le malheureux à s’approcher et à chercher un asile auprès de lui. — Avant que mon oncle Tobie eût achevé la moitié des offres obligeantes qu’il faisoit au père, le fils s’étoit insensiblement pressé contre lui ; puis étendant ses foibles bras, il avoit saisi l’habit de mon oncle Tobie à la hauteur de la poitrine, et l’attiroit doucement vers lui… Le sang et les esprits de Lefèvre, déjà froids et engourdis, et qui s’étoient retirés dans leur dernière citadelle, — le cœur, — firent un effort pour se rallier. — Le nuage qui couvrait ses yeux les quitta pour un moment. — Il regarda mon oncle Tobie avec l’expression de la reconnoissance, du regret et du désir : — il jeta un autre regard sur son fils ; — et ce lien qu’il établit entr’eux, (tout foible qu’il étoit) n’a jamais été rompu.

La nature, après cet effort, reflua sur elle-même. — Le nuage reprit sa place. — Le pouls frémit, — s’arrêta ; — se releva, — s’affaissa, — s’arrêta encore ; — hésita, s’arrêta… Acheverai-je ? — Non.