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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/207

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plus opiniâtre de part et d’autre, — (il faut même ajouter la plus sanglante, car cette matinée coûta aux alliés seuls plus de douze cents hommes) mon oncle Tobie s’y prépara avec plus de solennité que de coutume.

À côté de son lit, et tout au fond d’un vieux bahut de campagne, gissoit depuis longues années la perruque à la Ramillies de mon oncle Tobie. — Mon oncle Tobie, en se mettant au lit la veille de ce fameux assaut, ordonna que sa perruque fût tirée du bahut, posée sur la table de nuit, et prête pour le lendemain matin. — À son réveil, à peine hors du lit et tout en chemise, il la retourna du beau côté et la mit sur sa tête. — Il procéda ensuite à mettre ses culottes ; et à peine en eut-il attaché le dernier bouton, qu’il ceignit son ceinturon ; — et il y avoit déjà engagé son épée plus d’à-moitié, quand il s’aperçut que sa barbe n’étoit pas faite. — Or, comme il n’est guère d’usage de se raser l’épée au côté, mon oncle Tobie ôta son épée. — Bientôt après, en voulant mettre son habit uniforme et sa soubreveste, il se trouva gêné par sa perruque ; et il fut obligé de la quitter aussi. — Enfin, soit un embarras, soit un autre (ainsi qu’il en arrive toujours quand on se presse trop),