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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/208

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il étoit près de dix heures, c’est-à-dire une demi-heure plus tard qu’à l’ordinaire, quand mon oncle Tobie eut achevé sa toilette, et qu’il s’avança enfin vers son boulingrin.



CHAPITRE LXIX.

Pompe funèbre.


À peine mon oncle Tobie eut-il tourné le coin de la haie d’ifs qui séparoit le potager du boulingrin, qu’il apperçut le caporal, et qu’il vit que l’attaque étoit déjà commencée.

Souffrez que je m’arrête un moment pour vous dépeindre l’appareil du caporal, et le caporal lui-même dans la chaleur de son attaque, tel qu’il parut aux yeux de mon oncle Tobie, quand mon oncle Tobie tourna vers la guérite où se passoit la scène. Il n’y eut jamais rien de pareil au monde ; — et aucune combinaison de tout ce qu’il y a de bizarre et de grotesque dans la nature ne sauroit en approcher. —

Le caporal —

Marchez légérement sur ses cendres, vous, hommes de génie. — Il étoit votre parent.

Arrachez soigneusement les herbes qui croissent sur sa fosse, vous hommes de bonté. — Il étoit votre frère.