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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/261

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tes belles formes seront détruites, et ta jolie taille sera perdue. — Tu passeras comme une fleur, et ta beauté disparoîtra comme l’ombre. — Eh ! que sais-je ? cette innocence qui t’embellit encore, tu la perdras peut-être ! qui peut répondre d’une foiblesse ? — Je ne serois pas caution de ma tante Dinach, si elle vivoit encore ; — que dis-je ? je le serois à peine de son portrait, s’il eût été fait par Reynolds.

— Mais le nom seul de ce maître de l’art me fait tomber le pinceau des mains. — Je ne ferai point le portrait de Jeanneton.

Il faut, monsieur, que vous vous contentiez de l’original ; et si la soirée est belle, quand vous passerez à Montreuil, vous pourrez le voir par votre portière, tandis que vous changerez de chevaux. — Mais faites mieux : et à moins que vous ne soyez aussi pressé que moi, et par d’aussi fâcheuses raisons, arrêtez-vous une nuit, vous trouverez Jeanneton tant soit peu dévote ; — mais, monsieur, tant mieux. C’est le tiers de votre besogne de fait.

Bon Dieu ! cette fille a brouillé toutes mes idées : je ne saurois m’arrêter plus long-temps à la regarder.