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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/263

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CHAPITRE XCVI.

L’Apothicaire.


Ah ! monsieur Clistorel, vous voici ; passez dans ma garde-robe. — Je ne vous demande que cinq minutes.

— Si je pouvois faire ainsi mes conditions avec la mort comme avec mon apothicaire, et décider le temps et le lieu où elle doit me prendre, — je lui déclarerois que je ne veux point que ce soit en présence de mes amis. — Aussi, toutes les fois qu’il m’arrive de penser au genre et aux circonstances de cette grande catastrophe, (circonstances qui m’occupent et me tourmentent dix fois plus que la catastrophe elle-même,) je ne manque pas de supplier ardemment le souverain dispensateur de toutes choses, qu’il arrange les miennes de façon que la mort ne me surprenne pas dans ma propre maison ; mais plutôt dans quelque auberge commode. —

Dans ma maison, je sais ce que c’est. — L’affliction des miens, leur empressement à m’essuyer le front, à arranger mon oreiller, — ces petits et derniers services que me rendroit la main frissonnante de la pâle amitié, me