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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/294

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Ainsi donc, à tout événement, après avoir parlé de l’humeur joviale des François, j’écris ici en gros caractères :


SPLÉEN.


En partant de Chantilly, j’ai déclaré que le meilleur principe en voyageant étoit de faire diligence ; — mais ceci est purement une affaire d’opinion, et je n’ai prétendu ramener personne à mon sentiment. — D’ailleurs, l’expérience me manquoit alors, et je ne savois pas tous les inconvéniens qu’il y avoit à aller si grand train. — Aujourd’hui j’abandonne mon système, et le laisse à qui voudra le prendre. — Il a dérangé ma digestion, et m’a valu une diarrhée bilieuse, qui m’a ramené au triste état d’où j’étois à peine sorti. — C’est pour le coup que je décampe, et que je me sauve sur les bords de la Garonne. —

Quant à ces gens-ci, à leur génie, — à leurs manières, — à leurs coutumes, leurs lois, — leur religion, leur gouvernement, — leurs manufactures, — leur commerce, — leurs finances, leurs ressources et les ressorts cachés qui les font mouvoir, — quoique j’aie passé deux jours et trois nuits parmi eux, quoique j’aie étudié et médité cette matière