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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/37

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Jusques-là mon père, qui avoit devant lui une carte de Samson, et un livre de poste, avoit gardé trois doigts sur la tête de son compas, dont une pointe étoit posée sur Nevers. C’étoit la dernière poste pour laquelle il eût payé ; et il se proposoit de reprendre delà son calcul et son voyage, aussitôt qu’Obadiah auroit quitté la chambre. — Mais il ne put tenir à cette seconde entrée d’Obadiah, qui rouvrit la porte pour mettre tout le pays sous l’eau. — Il laissa aller son compas, — ou plutôt, avec un mouvement de colère, il le jeta sur la table ; et alors tout ce qui lui restoit à faire, c’étoit de revenir à Calais comme bien d’autres, aussi sage qu’il en étoit parti.

Enfin quand la lettre fatale arriva, mon père, à l’aide de son compas, d’enjambées en enjambées, étoit revenu à ce même gîte de Nevers. — Il fit signe à mon oncle Tobie de voir ce que contenoit la lettre. — « Avec votre permission, monsieur Samson, » s’écria mon père, en frappant la table tout au travers de Nevers avec son compas, — « il est dur, monsieur Samson, pour un gentilhomme anglois et pour son fils, d’être ramenés deux fois dans un jour à une bicoque comme Nevers. — Qu’en penses-tu,