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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/44

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les monumens, destinés à perpétuer notre mémoire, le paient eux-mêmes ; et les pyramides, les plus orgueilleuses de toutes celles que l’art et les richesses ont élevées, ont aujourd’hui perdu leur sommet, et n’offrent v plus au voyageur qu’un amas de débris mutilés. — (Mon père trouvoit qu’il s’exprimoit avec facilité, et poursuivit.) Les cités et les villes, les provinces et les royaumes, n’ont-ils pas leurs périodes ? — Et ne viennent-ils pas eux-mêmes à décliner, quand les principes et les pouvoirs, qui, au commencement les cimentèrent et les réunirent, ont achevé leurs évolutions ? —

» Frère Shandy, dit mon oncle Tobie, quittant sa pipe au mot évolutions..... — révolutions, j’ai voulu dire, reprit mon père. — Par le ciel ! frère Tobie, j’ai voulu dire révolutions. — Évolutions n’a pas de sens. — Il a plus de sens que vous ne croyez, dit mon oncle Tobie. — Mais, s’écria mon père, il n’y a du moins pas de sens à couper le fil d’un pareil discours, et dans une pareille occasion. — De grâce, frère Tobie, continua-t-il en lui prenant la main, je t’en prie, frère, — je t’en prie, ne m’interromps pas dans cette crise. — Mon oncle Tobie remit sa pipe dans sa bouche.