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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/105

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À Londres, un marchand ne semble faire avec sa femme qu’un même tout : quelquefois l’un, quelquefois l’autre brille par diverses perfections de l’esprit et du corps ; mais ils unissent tout cela, vont de pair, et tâchent de cadrer l’un avec l’autre, autant que mari et femme doivent le faire.

À Paris, il y a à peine deux ordres d’êtres plus différens : car la puissance législative et exécutive de la boutique n’appartenant point au mari, il y paroît rarement… il se tient dans l’arrière-boutique ou dans quelque chambre obscure tout seul dans son bonnet de nuit : enfant brut de la nature, il reste tel que la nature l’a formé.

Le génie d’un peuple, dans un pays où il n’y a rien de salique que la monarchie, ayant cédé ce département, ainsi que plusieurs autres, entièrement aux femmes, celles-ci, par un babillage et un commerce continuel avec tous ceux qui vont et viennent, sont comme ces cailloux de toutes sortes de formes, qui frottés les uns contre les autres, perdent leur rudesse, et prennent quelquefois le poli d’un diamant… L’époux ne vaut pas beaucoup mieux que la pierre que vous foulez aux pieds.

Très-certainement, il n’est pas bon que