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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/452

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ordre étoit accusé, dit à Jésus : qui est mon prochain ? Quoique cette demande au premier coup d’œil paroisse oiseuse, elle ne l’est pas en effet. Car selon que ce terme est interprêté dans un sens plus ou moins restreint, il produit diverses variétés dans nos obligations envers les autres. Notre Sauveur, pour rectifier toutes les méprises, et placer le devoir de l’amour du prochain dans un système de philanthropie universelle, répondit à cette question, non point avec les sophismes recherchés de l’école rabinique, qui eussent plutôt interdit que convaincu l’homme de loi ; mais il en appela directement à la nature humaine, dans une parabole où il représenta un homme tombé parmi des voleurs, et réduit par eux à la dernière détresse, jusqu’à ce que par hasard un Samaritain, un étranger passant auprès de lui, touché de compassion, et plein de bonté, non-seulement le secourût présentement, mais le prît sous sa protection, et pourvût à sa sûreté.

En finissant ce récit Jésus-Christ s’adressant au propre cœur de cet homme : lequel des trois selon vous est le prochain de ce malheureux voyageur ? Et au lieu de tirer lui-même la conséquence, il la laissa à cet