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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/256

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L’ÎLE AU TRÉSOR

partir ; et vous avez attendu qu’il soit malade et dans l’impossibilité de vous empêcher… Parbleu ! c’est absolument lâche.

J’avoue que je me mis à pleurer.

— Docteur, dis-je, épargnez-moi. Je me suis assez fait de reproches ; ma vie est désormais condamnée, et je serais mort déjà si Silver n’avait pris mon parti. Croyez-moi, docteur, je saurai mourir… et je reconnais que je le mérite… mais je crains la torture. S’ils en viennent à me torturer…

— Jim, interrompit-il, d’un ton tout différent, Jim, je ne veux pas de ça. Sautez la palissade et filons.

— Docteur, j’ai donné ma parole.

— Je sais, je sais… Mais tant pis ! Je prends tout sur mon dos sans hésiter, honte et blâme, mon garçon ; mais que vous restiez ici, non. Sautez ! Un bond, et vous êtes dehors, et nous filerons comme des zèbres.

— Non, repris-je. Vous savez très bien que vous ne le feriez pas vous-même ; ni vous, ni M. le chevalier, ni le capitaine, et je ne le ferai pas non plus. Silver a confiance en moi ; j’ai donné ma parole, et je reste. Mais, docteur, vous ne m’avez pas laissé achever. S’ils en viennent à me torturer, je pourrai laisser échapper un mot et révéler où se trouve le navire ; car j’ai pris le navire, tant par hasard que par audace, et il se trouve dans la baie du Nord, sur le rivage sud, presque au niveau de la haute mer. À mi-marée, il doit être à sec.

— Le navire ! s’écria le docteur.

Je lui exposai brièvement mes aventures, et il m’écouta en silence.

— Il y a comme un sort dans tout cela, me déclara-t-il quand j’eus fini. À chaque pas, c’est vous qui nous sauvez la vie. Croyez-vous donc par hasard