Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en vue. Au fond les deux tendances qui occupent aujourd’hui l’ordre du jour sont : le rétablissement des droits provinciaux, des anciennes divisions de races (Franconie, Bavière, Lusace, etc…), le rétablissement de la nationalité totale, unique. Mais les Allemands ne seront unis, c’est-à-dire ne s’uniront que lorsqu’ils auront renversé et leurs groupements d’abeilles et leurs ruches, en d’autres termes, quand ils seront plus qu’Allemands, c’est seulement alors qu’ils pourront fonder une union allemande. Ce n’est pas dans leur nationalité, ce n’est pas dans le corps maternel qu’ils doivent désirer retourner pour renaître ; il faut que chacun retourne à soi.

Un Allemand prend la main d’un autre et la serre avec un saint frémissement, parce que « lui aussi, il est Allemand ! » Ce sentimentalisme n’est-il pas d’un grotesque achevé ? Pourtant ce geste passera pour touchant tant que l’on aura le sentiment de la famille. Les nationalistes qui veulent faire des Allemands une grande famille ne peuvent se libérer de la superstition de la piété familiale, de la fraternité, bref de l’esprit de famille.

D’ailleurs ceux qui se nomment nationalistes devraient d’abord être d’accord pour échapper à l’alliance avec les germanistes sentimentaux. Car l’association qu’ils réclament des Allemands pour des buts et des intérêts matériels, ne va pas à autre chose qu’à une association volontaire. Carrière (Kölner Dom, page 4) s’écrie enthousiasmé : « Pour l’œil clairvoyant, les chemins de fer sont la voie ouverte vers la vie nationale qui jamais nulle part ne s’était manifestée avec une telle force. » Très juste : on verra une vie nationale comme