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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/312

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de mes journées, je vais travailler dans le bureau de M. de Morainville depuis neuf heures du matin jusqu’à quatre…

— Très-bien, mon enfant ; à quatre heures tu reviens ici, et, si le temps le permet, nous allons faire une longue promenade jusqu’au dîner ; ensuite, Jeane et moi, nous prenons notre panier à ouvrage, tandis que toi, selon les recommandations de M. de Morainville, tu étudies les traités de ce qu’il appelle le droit international et autres ouvrages très-sérieux dont il nous a donné la liste ; cela nous mène jusqu’à dix heures, et nous nous couchons, afin que tu puisses te lever de très-bon matin pour étudier ton droit international avant de te rendre à ton bureau. Après tout, mes enfants, bien que je regrette toujours notre heureuse existence du Morillon, nous trouverons encore moyen de vivre ainsi entre nous d’une manière très-agréable, n’est-il pas vrai ?

Ce programme, exposé par madame Dumirail avec une confiance naïve, différait tellement de l’attrayant programme formulé par madame de Hansfeld, que Maurice tressaillit et entrevit l’abîme qui existait entre ses secrets désirs et les vues de sa mère. Cependant il ne perdit pas l’espoir de la ramener à des intentions plus concordantes avec les espérances qu’il formait.


LX

Ainsi se justifiaient déjà les prévisions de Charles Delmare, alors qu’il écrivait à M. Dumirail après leur rupture :

« Votre femme et vous, dans l’excès de votre tendresse, de votre ombrageuse sollicitude, vous méconnaîtrez presque assurément les besoins, les exigences qu’engendrera forcément, chez votre fils, l’influence de ce qu’on appelle la vie de Paris.

« Parfaits éducateurs au Morillon, parce que vous êtes là dans votre centre, dans votre véritable milieu, sur votre propre terrain ; forts de votre expérience, ayant sagement accoutumé Maurice à partager, à aimer la simplicité de vos goûts, de vos habitudes,