Aller au contenu

Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sieur mes humbles révérences, — répondit Simon d’un ton à la fois formaliste et narquois.

Puis il laissa seuls Maurice et sa mère.


LXVI

Madame Dumirail garda pendant assez longtemps un silence que Maurice, agité de sentiments aussi pénibles que contradictoires, n’osait interrompre. Il vit sa mère, d’abord accablée par le chagrin, se laisser tomber presque anéantie dans un fauteuil, puis cacher son visage entre ses mains, se recueillir profondément, et, ensuite de cette longue méditation, il l’entendit se parler ainsi à elle-même à demi-voix :

— Il faut s’y résoudre ! il n’y a pas d’autre parti à prendre… non… en mon âme et conscience… non !… Devant Dieu qui me voit et m’entend, il n’y a pas d’autre parti à prendre… il le faut !

Maurice, frappé de l’accent solennel des paroles prononcées par sa mère, cherchait à pénétrer leur sens, lorsqu’il la vit se lever en répétant :

— Il le faut !… il le faut !…

Madame Dumirail, s’approchant de la cheminée, agita vivement le cordon d’une sonnette. Bientôt Josette parut ; sa maîtresse lui dit :

— Priez le maître de l’hôtel de monter.

— Oui, madame, — répondit la servante.

Elle sortit.

Le même silence continua de régner entre Maurice et sa mère pendant les quelques moments que dura l’absence de Josette, qui bientôt revint avec l’hôtelier. Madame Dumirail, s’adressant à lui :

— Monsieur, avez-vous fait reconduire chez ma belle-sœur, à l’ambassade de Naples, la voiture qui nous a amenés ici ?

— Non, madame ; cette voiture est encore sous les remises.

— Tant mieux…