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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/332

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Et, regardant la pendule, madame Dumirail ajouta :

— Il est dix heures… Vous voudrez bien faire demander des chevaux de poste pour midi précis.

— Madame, ils seront ici à l’heure dite.

— Je vous prie de m’envoyer tout à l’heure le compte de ce que je vous dois pour nos dépenses depuis notre arrivée dans l’hôtel.

— Madame va donc déjà quitter Paris ?

— Oui, monsieur.

— Madame aura sa note dans un quart d’heure, — répondit l’hôtelier en sortant.

Maurice, muet de stupeur en entendant les paroles de sa mère, ne savait s’il veillait ou s’il rêvait.

— Josette, — poursuivit madame Dumirail, — vous allez tout de suite vous occuper des préparatifs de notre départ ; mademoiselle Jeane vous aidera…

— Faire vos malles ?… Serait-il Dieu possible ! — balbutia Josette, à qui la surprise et la joie coupèrent un moment la parole. — Pardon, madame, j’étouffe de plaisir !… Quoi ! nous retournerions au Morillon !… Quel bonheur !… Le temps me dure déjà fièrement dans la grand’ville !… Vraiment, madame… nous partons ?

— Oui, ma bonne Josette.

— Eh bien ! madame, cela ne devrait pas m’étonner. Figurez-vous que j’avais rêvé que…

Le tintement de la sonnette de la porte extérieure de l’appartement interrompit la servante.

— On sonne, — dit madame Dumirail ; — Josette, allez ouvrir et si, par hasard, c’était une visite pour moi, peut-être M. de Morainville, — pensait la mère de Maurice, — priez mademoiselle Jeane de recevoir cette personne ; j’irai tout à l’heure rejoindre ma nièce.

La servante quitta la chambre afin d’obéir aux ordres de sa maîtresse, et celle-ci se recueillit pendant un moment avant d’avoir avec son fils un entretien dont elle pressentait l’extrême gravité.