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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/66

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précier peu à peu, et très-innocemment d’ailleurs, au profit de leur fils.

M. Dumirail rompit le premier le silence, et dit à sa femme :

— Nous nous entretenons de l’impression que notre neveu a causée sur nous, mais nous ne songeons pas à celle qu’il a dû causer sur Maurice.

— Ton observation est fort juste, mon ami, car notre fils…

Madame Dumirail, en ce moment, interrompue par deux coups légèrement frappés à la porte de sa chambre à coucher, demanda qui était là.

— Moi, ma mère, ― répondit au dehors la voix de Maurice.

— Ce cher enfant n’est pas encore couché ; tant mieux ! il ne pouvait venir plus à propos, — dit M. Dumirail à sa femme.

Et il ajouta :

— Entre, mon ami.

Maurice ouvrit la porte, et, s’arrêtant au seuil :

— Mon père, je ne suis pas seul.

— Qui est donc avec toi ?

— Jeane ; peut-elle entrer aussi ?

— Certainement, — répondit madame Dumirail échangeant avec son mari un regard de surprise.

Maurice, après une absence d’un instant, revint en tenant Jeane par la main.


X


L’embarras, l’inquiétude, se lisaient sur la physionomie de Jeane et de Maurice ; une circonstance grave pouvait seule expliquer leur présence simultanée, à cette heure avancée de la soirée, dans l’appartement de M. et de madame Dumirail. Celle-ci, s’adressant à son fils :

— Tout à l’heure, ton père, en t’entendant frapper à la porte, me disait que tu ne pouvais venir plus à propos, mon ami. En effet, nous parlions de toi. Quant à Jeane, qu’elle soit la bienvenue, comme elle l’est toujours… Et maintenant, que voulez-vous, mes enfants ?