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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/232

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mes précautions sont parfaitement prises… Mademoiselle… sous la conduite d’un guide sûr et dévoué, va rentrer chez son père… personne ne se sera aperçu de la courte absence qu’elle aura faite… moi et Basquine nous garderons le secret, c’est tout simple. Ces deux gredins, nos honorables amis, seront muets sur la chose… et pour cause. Quant à vous, mon gentilhomme, si vous avez le temps de parler avant de prendre la fuite ou d’être arrêté… vous voudrez en vain diffamer Mademoiselle, on ne vous croira pas…

— Prendre la fuite, lui ! — s’écria la Levrasse exaspéré, — il faudra bien que je me venge sur quelqu’un, ce sera sur lui… il ira aux galères… et…

Plusieurs coups violemment frappés du dehors aux volets de la chambre où se passait la scène que je raconte, interrompirent la Levrasse ; au même instant on entendit ces mots prononcés d’une voix forte :

— Au nom de la loi… ouvrez…

À ces mots redoutables tous les personnages dont je parle restèrent interdits, effrayés.

— Diable !… — dit Bamboche, — je ne m’attendais pas à cette politesse… de la police… elle est par trop honnête.

Puis s’élançant vers Régina :

— Ne craignez rien… Mademoiselle… fiez-vous à moi.

Profitant de ce mouvement, Robert de Mareuil, sans être remarqué par Bamboche, s’empara des pistolets que celui-ci avait déposés sur un des coins de l’autel.

— Au nom de la loi… ouvrez… — reprirent les mêmes voix du dehors.

Bamboche était resté auprès de Régina ; soudain il renversa d’un coup de poing les deux chandeliers et leurs cierges. La chambre ainsi plongée dans une obscurité profonde, je ne vis plus rien…

Connaissant les êtres de la maison, je me précipitai hors de l’endroit où je m’étais tenu jusqu’alors, j’ouvris la porte fermée un quart d’heure auparavant sur l’invitation de Bamboche, et je me précipitai dans la pièce où s’était célébré le faux mariage et où se