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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/64

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— Si vous croyez que je pourrai vous convenir, Monsieur… dame… moi je veux bien essayer.

— Tu es à nous, je te donne quarante-cinq francs de denier-à-dieu… ils seront capitalisés avec le reste…

— Merci, Monsieur.

— Il n’y a pas de quoi… Eh bien ! Robert, as-tu fini ta lettre ?… — dit Balthazar à son ami.

Et comme ce dernier, occupé de relire sa lettre avec une attention profonde, ne se pressait pas de répondre, Balthazar l’appela de nouveau.

— Robert… à quoi penses-tu ?

— Je relisais ce que je viens d’écrire, — dit le jeune homme en ployant sa lettre.

Il fallait trouver de la cire, ou du moins des pains à cacheter ; nouvel embarras ; il n’y en avait pas.

— Comment ! — dit Robert, — pas moyen de cacheter une lettre ? Comment fais-tu donc ?

— Je ne les cachette jamais, — répondit Balthazar avec une simplicité antique, — je défie qu’on les lise… je fais mieux… je le permets.

— Pardieu… je le crois bien… de pareils hiéroglyphes ; il faut avoir la clef de ton écriture… et encore, bien souvent, je suis réduit à deviner… à improviser… Mais moi qui n’ai malheureusement pas, comme toi, une écriture à l’abri des indiscrétions… je tiendrais absolument à cacheter cette lettre.

— J’ai notre affaire, — s’écria tout à coup Balthazar.

Et il alla chercher sur une commode un énorme rouleau de ce papier dont se servent les architectes pour dessiner leurs plans.

Ce rouleau contenait des plans en effet.

— Que diable apportes-tu là ? — demanda Robert, fort étonné.

— C’est le plan du palais que je me fais bâtir, — répondit modestement Balthazar.

— Tu te fais bâtir un palais ?

— Après-demain l’on commence… et je veux que ce soit toi…