Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/85

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pour ne pas interrompre son ami, baissa la tête en signe d’assentiment.

— Et tu n’as pas vu de jeune fille dans la maison ? — reprit Robert.

— Non, Monsieur…

— Tu n’as rien remarqué de particulier ?

— Non, Monsieur… seulement en sortant…

— Eh bien ! en sortant ?

— C’est-à-dire quand j’ai été sorti…

— Voyons… dis donc vite !

— J’étais à quelques pas de la porte lorsqu’une superbe voiture s’y est arrêtée ; alors je ne sais pas si j’ai bien fait, Monsieur ; mais comme vous m’aviez dit de tout observer j’ai regardé qui descendait de cette belle voiture.

— Tu as parfaitement bien fait, — me dit vivement Robert. — Et qui est descendu de cette voiture ?

— Un Monsieur d’une figure très-douce et très-jolie, bien plus jeune que le comte Duriveau, moins grand que lui, mais aussi très-bien mis…

Et pour compléter cette fable, je dépeignis, autant que cela me fut possible, l’inconnu du cabaret des Trois-Tonneaux, espérant qu’il serait peut-être connu de Robert de Mareuil ; j’aurais ainsi appris par ce dernier quel était cet homme singulier que j’avais tant d’intérêt à connaître.

Mon espoir fut déçu ; malgré les détails minutieux dans lesquels j’entrai à propos de ce personnage, le comte de Mareuil, après m’avoir écouté avec une grande attention et une anxiété visible, me dit :

— Je ne connais pas cet homme… As-tu remarqué la couleur de sa livrée ?

— Monsieur ? — dis-je, en feignant de ne pas comprendre cette question.

— As-tu remarqué de quelle couleur étaient les habits de ses domestiques ? — reprit Robert.

— Oh non !… je ne regardais que le monsieur…