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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/86

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— Cela est fâcheux… Cette remarque aurait pu m’être utile, — dit Robert en réfléchissant. — Tu n’as rien observé autre chose ?

— Non, Monsieur.

— Cherche… Souvent les moindres choses sont significatives… pour qui a intérêt à les comprendre…

— Non, Monsieur… je ne me souviens de rien… J’ai beau chercher… Ah… pourtant si… si… je me rappelle…

Et j’eus recours à une nouvelle fable pour irriter encore la jalousie de Robert de Mareuil ; je voulais le rendre aussi ardent que moi à découvrir quel était cet inconnu.

— Dis vite… — reprit le comte.

— Un des domestiques, celui qui était monté derrière la voiture de ce Monsieur, a dit à celui de devant…

— Au cocher ?

— Oui, Monsieur ; il a dit au cocher, quand le jeune homme a été descendu : Nous en voilà, comme à l’ordinaire, pour une ou deux heures d’attente…

— Comme à l’ordinaire… pour une ou deux heures d’attente ? — s’écria le comte de Mareuil. — Ce domestique a dit cela ? Mais c’est très-important à savoir.

— Dame, Monsieur, moi, j’en ignore.

— Mais, butor, cela prouve que ce jeune homme vient d’habitude dans cette maison.

— C’est possible, Monsieur…

— Il faut absolument que d’ici à trois ou quatre jours au plus, tu saches quel est ce jeune homme, me dit Robert de Mareuil après quelques moments de réflexion.

J’en étais venu à mes fins… j’avais rendu le comte aussi désireux que moi de pénétrer ce mystère, et il devait ainsi m’aider dans mes recherches.

— Oui, — reprit-il, — il faut que tu découvres quel est ce jeune homme.

— Moi, Monsieur, et comment voulez-vous que je fasse ?…

Robert de Mareuil resta un moment pensif, et me dit :

— À partir de dix ou onze heures du matin, tu t’établiras dès de-