Aller au contenu

Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

destinés aux personnes qui venaient quelquefois s’écrire chez la princesse sur un registre destiné à cet usage.

Just, sans s’asseoir… écrivit quelques mots à la hâte…

Je m’étais éloigné par convenance, mais je l’observais attentivement… j’ai vu une larme… tomber sur le papier…

Just a fermé le billet avec un pain à cacheter… et sans doute, de crainte que je ne visse ses yeux pleins de-pleurs, il m’a dit sans se retourner vers moi et en marchant vite vers la porte :

— Vous remettrez, je vous prie, ce billet à la princesse… lorsque M. de Noirhieu sera parti.

Et Just a disparu.

Ce billet… je l’avoue… je l’ai lu…

Le pain à cacheter était encore humide, je n’avais à redouter aucune suite de mon indiscrétion. :

Voici ce que Just écrivait :

« Je pars… il le faut… du courage… j’attendrai… Si vous avez à m’écrire, adressez vos lettres chez moi à Paris : elles me parviendront… »

 

Une grosse larme effaçait à demi, sans le rendre illisible, le mot j’attendrai

Je refermai et recachetai la lettre…

 
 

Vers les dix heures, M. de Noirlieu est parti.

La princesse a accompagné son père jusqu’à l’escalier ; lorsqu’elle est revenue, je lui ait dit :

— Voilà un mot que M. Just a laissé pour Madame la princesse.

Je lui ai présenté la lettre.

En la prenant, la pauvre femme tremblait si fort, que deux fois sa main a heurté le petit plateau d’argent.

Elle m’a dit alors d’une voix si basse, que je l’ai à peine entendue :

— C’est bien… vous pouvez… vous retirer et fermer… la porte…

Il m’a semblé voir Régina trébucher deux fois, et s’appuyer sur un meuble en traversant le premier salon…

Je ne m’étais pas trompé…

Les portières du parloir s’étaient refermées sur elle depuis une minute au plus, le temps de lire le billet de Just, lorsque j’entendis le bruit d’une chute… je courus…