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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/137

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Et elle mit la main sur une bourse de peau assez lourde, qui, sans doute atteinte par l’humidité, creva sous le poids de son contenu ; un grand nombre de pièces d’or en tombèrent.

— De l’or ! — s’écria Mme Perrine avec une surprise croissante.

Puis elle ajouta :

— Qu’est-ce que ce parchemin ?

En effet, à la bourse était attaché un morceau de parchemin jaune et évidemment arraché à la couverture d’un vieux livre.

— Il y a quelque chose d’écrit !… — s’écria Mme Perrine.

— Lisez !… oh !… lisez !… — murmura Bruyère, dont les idées commençaient à se troubler en présence de faits si inattendus.

… Grâce à l’éblouissante clarté de la lune, Mme Perrine put lire ce qui suit :

« Ce coffre, et ce qu’il renferme, doit appartenir à la mère de ma fille qui, à cette heure, a cinq ans… Je suis forcé de m’expatrier, de l’abandonner… je la confie à un homme fidèle… ces objets aideront ma fille à se faire reconnaître un jour de sa mère, si je le juge à propos ; plus tard, je donnerai d’autres instructions… mais comme je puis être tué bientôt, ces mots me serviront de testament… et dans ce testament je veux consigner un aveu qui m’oppresse.

« Moi qui ai jusqu’ici tout bravé, tout osé… j’éprouve en ce moment un remords… J’ai commis un crime affreux… sans nom… il faut que je commence de l’expier, en le dévoilant à celui qui doit lire… ceci… et que… »

À cet endroit, l’humidité ayant maculé et pénétré le parchemin, beaucoup de mots se trouvaient presque illisibles ; d’autres complétement effacés, de sorte que les dernières lignes devenaient incompréhensibles ; mais Mme Perrine, de plus en plus égarée et emportée par l’élan d’une curiosité dévorante, continua de lire ces mots incohérents, comme s’ils avaient présenté un sens complet.

« Il fal… mais… ien résolu… la nuit… je m’étais introduit pour… folle… mais si belle… il… voul… dans aussi… horreur de moi… au point du jour… alors emporté… l… coffr… sav… m’y poursuivit partout… jusque…

 

« … Revenu en… parvenir… ma fille… la mère toujours folle, ne sachant… j’ai soustrait… on ne lui apprendra… et… que lorsqu’elle aura… pour raison à moi… et imp… donnera le nom de Bruyère à… fille… et le mon… »