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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/48

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ses nerfs olfactifs ; aussitôt ses longs aboiements de triomphe retentirent et attirèrent à lui les chasseurs, en ce moment désespérés.

Après ce premier succès, Lumineau, trouvant, en suite de ces pierres, une nouvelle interruption dans la voie, aurait dû recommencer sa quête circulaire, car, à trente pas de là, il tombait en plein sur les traces du renard, alors continues : mais Lumineau sentit le creux résonner sous ses pas, à l’entrée pourtant si bien dissimulée du repaire du braconnier ; croyant alors (l’erreur était excusable) le renard terré tout auprès de ces pierres, le brave chien redoubla ses hurlements en grattant de ses deux pattes de devant, et bientôt, à travers les ronces et la terre rapportée, il découvrit une partie de l’orifice du repaire.

Pendant ce temps, le piqueur d’abord, puis le comte, son fils Mme Wilson et Raphaële arrivèrent successivement dans la clairière.

— Le renard est à nous, il s’est terré ! — s’écria le vieux veneur en voyant ainsi son chien creuser la terre avec furie.

Et sautant à bas de son cheval, il courut, armé du manche de son fouet, aider Lumineau à élargir le trou.

Le comte Duriveau, cédant à l’entraînement de la chasse, et à la joie d’un succès, un moment si compromis, sauta aussi à bas de son cheval, et, sans vergogne, se mit à genoux à côté de son piqueur, afin de l’aider à déblayer rapidement l’entrée du souterrain qu’il prenait pour le terrier du renard.

Au bout de quelques minutes, le comte Duriveau et son piqueur eurent enlevé les pierres cimentées de terre plantée de ronces, qui dissimulaient la trappe de la tanière du braconnier, refuge inespéré où Bamboche avait disparu.

Mme Wilson et sa fille attendaient avec intérêt l’issue de cette nouvelle péripétie de la chasse, penchées sur l’encolure de leurs chevaux ; Scipion lui-même, malgré sa dédaigneuse indifférence, partageait la curiosité générale.

— Mais ce n’est pas là un terrier ! — s’écria tout à coup le comte Duriveau en apercevant enfin la charpente de la trappe déblayée des pierres et des ronces qui la masquaient.

Puis distinguant, à travers ce treillis de fortes barres de bois, les ténèbres du repaire, le comte, de plus en plus surpris ajouta :

— On dirait l’entrée d’un souterrain.

— Un souterrain, — dit gaiement Mme Wilson, — c’est très--