Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/60

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encore du passé : lorsque dernièrement vous êtes parti si chagrin, si inquiet ; lorsque, dans votre solitude, vous passiez alternativement de l’espoir au désespoir, vous admettiez pourtant la possibilité… d’une séparation… que vous m’aviez vous-même proposée.

— Sans doute… et malgré votre lettre si pressante… Mathilde, à mon retour je vous aurais trouvée irrésolue, changée même au sujet de cette détermination… que je l’aurais compris… j’aurais compté sur le temps, sur mon influence, pour vous ramener à vos promesses… Mais que je sois assez fou pour croire que vous… Mathilde… vous vous êtes de nouveau et subitement éprise de M. de Lancry pendant mon absence, je vous croirais plutôt capable d’avoir vingt amants que de commettre une pareille lâcheté.

— Et pourquoi donc serait-ce une lâcheté, n’est-il pas mon mari ? s’il se repent des chagrins qu’il m’a causés, n’est-il pas généreux à moi de lui faire grâce ?… Et puis enfin, vous l’avez vu, malgré mon penchant… malgré mon affection pour vous… je restais obstinément attachée à mes devoirs… C’est que je vous