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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/105

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fond du lit parallèlement à lui-même d’une quantité égale à leur propre hauteur, et l’on comprend bien qu’un semblable résultat est littéralement nul, par rapport au but qu’on se propose d’atteindre. — Ajoutons que pour atténuer autant que possible ce défaut, il faudrait donner aux murs une grande hauteur au-dessus du fond. Mais alors les chutes deviennent terribles et les affouillements ruineux. — Enfin l’emploi d’un pareil mode d’endiguement, entrepris sur une échelle générale, pourrait même être dangereux. Si l’on suppose qu’un ou deux de ces murs viennent à être emportés par une crue, ils détermineraient de proche en proche la chute de tous les autres. Cette masse énorme, balayée du haut de la montagne, s’ajouterait aux alluvions du torrent et rendrait ses débordements plus désastreux. Il y aurait dans ce genre de défense comme un péril continuel, suspendu au-dessus de la plaine, et toujours prêt à l’engloutir.

Tous ces inconvénients sont très-graves et doivent faire renoncer à considérer les barrages comme un remède efficace, susceptible d’une application générale.

Fabre, qui l’indique dans son ouvrage, convient qu’il est insuffisant dans les grands torrents[1]. Et que sont les grands torrents de Fabre à côté de ceux dont il est ici question ?

4o Dérivation des torrents.

Pour ne rien laisser de côté, je vais parler d’une sorte de défense qui consiste à dévier les torrents, et à transporter leur violence sur des points où elle n’est plus à redouter.

Il est clair que ce procédé ne peut être employé que dans quelques cas particuliers, et qu’il ne constitue pas un système de défense général.

On peut citer d’abord un travail de ce genre exécuté sur la route royale no 85, qui jette dans le même lit les deux torrents de Déoule et de Briançon, et force leurs eaux réunies à passer sous le même pont. Mais cet exemple

  1. Je cite ici le texte :

    « Ce moyen (les barrages) réussit à souhait dans tous les torrents naissants et qui n’ont pas creusé bien profondément leur lit. L’expérience nous en garantit le succès. Mais il n’en est plus de même lorsque les torrents ont pris des accroissements considérables, et qu’ils ont creusé de profonds vallons : dans ce cas on doit regarder leur destruction comme impossible. » Fabre, no 307.