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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/113

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l’établissement du pont est tout entier dans les ouvrages accessoires, qui devraient empêcher la divagation du torrent. Il peut être aussi dans le mauvais choix de l’emplacement.

3o Enfin, les ponts peuvent périr par une troisième manière, qui est sans contredit la plus redoutable de toutes, quoiqu’elle ne se manifeste que par des effets lents et souvent imperceptibles : je veux parler de l’exhaussement du lit, qui obstrue graduellement le débouché et finit par enterrer le pont au milieu des déjections[1]. Alors on peut regarder l’établissement du pont comme impossible dans la partie où il a d’abord été construit, et il faut de toute nécessité modifier le tracé de la traversée et chercher un autre emplacement. J’en parlerai tout à l’heure.

Je viens de montrer comment certaines parties de routes sont défendues contre les torrents, à l’aide de ponts et de digues. Ce cas est malheureusement le plus rare. Le cas le plus général est celui où les routes sont traversées par les torrents à ciel ouvert ; et il s’en faut beaucoup que cet état de choses, si détestable, soit toujours justifié par l’impossibilité où l’on se trouverait d’établir un pont et les ouvrages accessoires. Peut-être ne citerait-on pas un seul torrent sur lequel il fût absolument impossible d’établir un pont ; car on a toujours la latitude de rectifier le tracé de la route, et de l’amener sur les points de passage les plus favorables. C’est là un avantage précieux qui n’existe que pour l’établissement des routes, et qui ne se retrouve pas lorsqu’il s’agit de défendre des propriétés : dans ce dernier cas, l’emplacement des ouvrages de défenses est invariablement fixé ; et s’il arrive que les propriétés soient placées dans les régions où le torrent affouille ou exhausse avec trop d’énergie, la défense devient à peu près impossible. — Si, malgré cette circonstance si favorable aux routes, on a fait jusqu’ici si peu de travaux pour les assurer contre les torrents, il faut en voir la raison dans le chiffre élevé des dépenses qu’exigent toujours ces sortes d’ouvrages.

Il y a quelques traversées sur lesquelles on a construit des digues dans l’unique but de forcer les eaux à traverser la route en un point déterminé et immuable[2]. Quoique, dans ce passage, le torrent coule à ciel ouvert,

  1. Pont de Merdanel, près du Monestier ; — pont de Pals.
  2. Torrent de Combe-Barre, — de Rioubourdoux. — de Saint-Pancrace, — de la Romeyère. — de Combe-la-Bouse,  etc.