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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/146

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CHAPITRE XXV.


Réflexions sur l’âge des torrents.

Les faits qui viennent d’être développés vont me servir à éclaircir plusieurs choses qui ont pu paraître obscures et mal prouvées, parce qu’il n’était pas possible d’en donner de suite des explications complètes.

D’abord, l’existence des torrents modernes explique tout naturellement quelle est la véritable origine de ces lits de déjection dont les pentes sont imparfaites et dont la courbe se brise à l’entrée de la gorge.

On conçoit aisément que lorsqu’un torrent nouveau se forme, il ne peut pas, du premier jour où commence son action, modifier le profil naturel du terrain ; il est obligé de mouler son lit sur le relief qui lui est offert, quelque irrégulier qu’il soit d’ailleurs, et ses déjections s’entasseront encore longtemps avant d’avoir pris la figure qui leur convient.

Quant aux torrents arrivés à la pente-limite, ils correspondent à ces cours de formation plus ancienne qui ont travaillé pendant longtemps à l’établissement de leur lit, et sont tout près de s’encaisser ou de s’éteindre : j’en ai cité des exemples à la fin du chapitre précédent. — La pente-limite est donc le symptôme qui précède et annonce l’extinction.

Enfin, les torrents éteints nous démontrent que la violence des torrents n’est pas infinie dans la durée ; qu’elle s’arrête à un certain terme où les eaux s’écoulent tranquilles, et où la courbe du lit demeure stable. — Il est donc bien vrai que les torrents, comme tous les cours d’eau, ten-