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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/147

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dent sans relâche à la stabilité (chap. 1 et 5). Leur action si énergique, leurs exhaussements, leurs affouillements, les variations continuelles de leur lit, n’ont donc réellement pas d’autre destination que de mettre, en tous les points du cours, leur vitesse en équilibre avec les formes et la ténacité du sol. C’est ainsi qu’ils affouillent dans leurs parties supérieures, jusqu’à ce qu’ils aient mis à découvert un sol plus résistant, ou que, par l’arrangement des pentes, leur vitesse soit convenablement amortie. S’ils exhaussent au contraire dans le bas, c’est afin de se créer un plan incliné qui roule leurs alluvions jusque dans la rivière. Quand ces effets sont accomplis, tout s’apaise, tout rentre dans l’ordre.

L’érosion des torrents dans les bassins de réception a deux résultats : elle élargit de plus en plus ces bassins, en emportant toutes les terres friables ; ensuite elle relève de plus en plus les pentes vers l’origine de la courbe du lit (chap. 5). — Il résulte de là, qu’à la suite d’un grand nombre d’années, il ne restera plus debout dans cette région que des roches solides, tout ce qui était affouillable ayant été emporté par les eaux : et la courbe du lit du torrent aura son origine au pied d’une muraille verticale de rochers, formant une enceinte irrégulière autour de l’ancien bassin. — Telle est, en effet, la forme que tendent à prendre tous ces bassins, de même que toutes les cimes de montagnes. — Telle est aussi la figure par laquelle se terminent la plupart des torrents éteints. Je dis la plupart : nous verrons tout à l’heure que l’extinction a été produite le plus fréquemment par d’autres causes, dont l’effet est beaucoup plus prompt et plus décisif que ce lent et pénible rongement de la montagne, qui ne s’arrête que faute d’aliments, et force, en quelque sorte, le torrent de périr d’inanition, en ne lui laissant plus rien à dévorer.

Nous pouvons maintenant lier ensemble diverses propriétés constatées successivement comme des faits d’observation dans le courant de cette étude. — Nous fixerons par là les caractères de trois espèces distinctes de torrents.

— Dans la première espèce, nous trouvons les caractères suivants :

1o Les pentes des lits de déjection sont imparfaites, c’est-à-dire qu’elles sont visiblement trop faibles pour l’entraînement des matières qui tombent dans le lit (chap. 5).

2o La courbe du lit se brise à la sortie de la gorge (chap. 5).

3o Les exhaussements sont extrêmement rapides (chap. 6).

4o Ils ne peuvent jamais être encaissés (chap. 6).