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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/198

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lement, cesseront-ils d’arriver, quand tout sera combiné dans le but de les reproduire ?

Toutes ces observations sont applicables aux zones de défense, avec cette différence que les mêmes difficultés s’y représentent a un bien moindre degré ; en sorte que si les plantations réussissent sur les berges, elles réussiront à plus forte raison sur les zones.

En résumé, je crois que la proximité des eaux fera prospérer toutes les plantations qu’on entreprendra d’attirer sur les bords des torrents. Nulle part ailleurs on ne trouverait un aussi précieux auxiliaire. Telle est sa puissance que s’il s’agissait de choisir au milieu de ces montagnes les emplacements les plus propices aux plantations, on ne découvrirait rien de mieux que les alentours des torrents[1].

Reste la difficulté de boiser les parties les plus hautes des bassins de réception. — Là, cette inappréciable ressource de l’arrosage manque. Comme on est au-dessus des sources mêmes du torrent, on ne reçoit plus que les eaux du ciel ou quelques ruisseaux accidentels.

— Il y a plus : à mesure qu’on s’élève, les pentes deviennent plus abruptes, les terrains plus âpres et plus rocheux ; le climat lui-même se dénature, et semble repousser de plus en plus la végétation[2]. Voilà bien des difficultés. Cependant là encore la nature nous offre d’admirables modèles qui semblent nous inviter à ne pas désespérer du succès. Ne voit-on pas ici, sur une foule de points, des forêts suspendues à des parois de montagne coupées presque à pic, où les arbres paraissent sortir du cœur même de la pierre ? Ce sont là des exemples à étudier et à imiter.

Je citerai aussi l’exemple des dunes dans les Landes, dont la plantation présentait bien d’autres difficultés que celles de nos montagnes les plus

  1. On voit dans la Vallouise, sur la rive droite de la Gironde, un grand nombre de ravins que la végétation a tapissés jusque dans leur fond ; et il est visible qu’elle s’est développée là avec plus de force que dans les terrains environnants, parce qu’elle trouvait dans ces creux plus de fraîcheur et d’humidité. — On a des exemples semblables sur la rive gauche de la Durance, en face de Saint-Clément.
  2. On sait qu’elle expire entièrement à une certaine hauteur ; mais les bassins de réception s’élèvent rarement jusqu’à cette limite, si ce n’est dans les tabuts, dont il n’est pas ici question.