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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/226

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bable dans le temps où nous vivons. Aussitôt, sur ces routes, où il reste encore tant à faire, et qu’un piéton ne peut pas même parcourir aujourd’hui à pied sec, une circulation active va se presser. Elles ne pourront plus rester dans le déplorable état où ou les laisse aujourd’hui. L’administration, sollicitée par des intérêts de plus en plus graves, par des voix de plus en plus nombreuses et puissantes, sera entraînée forcement dans des dépenses excessives. — Ce serait donc une grande imprévoyance de s’endormir sur le crédit actuellement affecté à ces routes, et de croire qu’il sera toujours suffisant, par la raison qu’il suffit aujourd’hui. Un jour viendra où il devra être augmenté tout à coup dans une énorme proportion, si l’on ne se prépare pas aux rectifications futures, en éteignant un à un les torrents.

Voilà donc l’État intéressé d’une manière incontestable à s’engager dans la dépense des reboisements, à moins que l’on ne pose ceci en principe : que les routes de ce département sont condamnées à demeurer perpétuellement mauvaises, et que l’État, quoi qu’il arrive, ne se mettra jamais en peine de créer ici un bon système de communications, après qu’il en aura doté toutes les autres parties du royaume.

Je pourrais maintenant, en restant dans le même cercle de motifs, faire voir qu’indépendamment de l’amélioration de ses routes, il en récolterait d’autres avantages. Comme ils sont plus généralement connus, je m’y arrêterai moins longuement.

Premièrement, les forêts, une fois créées et mises en coupe, seraient la source d’un bon revenu, qui pourrait être partagé entre les communes qui ont fourni le sol, et l’État qui a, en quelque sorte, fait les avances de fonds : ce qui ferait rentrer le trésor public dans une partie de ses débourses, et même pourrait le défrayer totalement. — Ce point de vue est si peu à négliger, qu’il a servi de base au travail de M. Dugied. Les choses y sont ainsi disposées, que l’État, au bout d’un certain nombre d’années, rentre clairement dans tous ses fonds[1]. Mais j’avoue qu’il me répugne démettre en avant de semblables calculs. Il y a ici pour l’État des raisons de détermination d’un ordre plus élevé ; et en lui montrant des avantages purement fiscaux, je craindrais de paraître l’attirer, comme à une spéculation, par l’appât des bénéfices.

  1. Voyez la note 18.