Aller au contenu

Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOTE 10.

… Les torrents les plus redoutés passent sous des ponts dont l’élévation au-dessus du lit ne dépasse guère 3 mètres. L’hydraulique explique ces faits…
Chap. XX, page 97.

La raison de ce fait est dans les pentes très-fortes que suivent les torrents, et en général tous les cours d’eau de ces montagnes. — Si l’on suppose un grand volume d’eau versé dans le haut d’un canal dont la section est constante, cette eau s’écoulera avec une vitesse déterminée par la pente du canal et par la quantité d’eau débitée.

Si l’on augmente la pente de ce canal, la vitesse s’accroîtra ; et si la largeur de la section est demeurée la même, la hauteur doit diminuer, puisque le produit de l’aire de la section par la vitesse d’écoulement forme un terme invariable, qui est le débit.

Il suit de là que, dans les montagnes, les courants sont plus rapides que dans les plaines, et la durée des crues est plus courte. — Dans les plaines, la vitesse d’écoulement est moindre, la crue dure plus longtemps, et en même temps elle s’élève à une plus grande hauteur.


NOTE 11.

… Les torrents nous révèlent ainsi le secret d’un genre de formation commun sans doute à un grand nombre de vallées, mais qui n’est nulle part plus incontestable…
Chap. XXI, page 103.

J’aurais pu me borner à dire ici, que si les géologues disputent encore sur la cause qui a mis au jour la masse générale des montagnes, ils ne disputent pas sur les causes qui ont modifié ensuite cette masse, et l’ont découpée suivant les accidents que l’on y remarque aujourd’hui. Tous conviennent que les formes particulières des montagnes, leurs profils, leurs physionomies, si on peut s’exprimer ainsi, sont le résultat de l’action longtemps prolongée des causes ordinaires de dégradation sur leur sol.

Les profils suivant lesquels les montagnes tendent à se disposer, sont de véritables courbes d’équilibre, fonctions, d’une part, de la ténacité du terrain, et d’autre part, de l’énergie plus ou moins active des agents destructeurs. Dès que l’une de ces forces viendra à varier, la figure de la montagne variera pareillement. — Plus le terrain est formé de roches dures et lentes à se détruire, plus la courbe se rapproche de la verticale, et plus la montagne se présente sous des formes abruptes. Le terrain devient-il friable ? la courbe s’abaisse, les pentes s’allongent, la montagne s’étale sur une large base, et ses formes s’arrondissent. — Un accroissement dans les forces de dégradation produirait la même modification.