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Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/288

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NOTE 13.

… Influence du climat sur les dégradations du sol…
Chap. XXII, page 108.

Je vais rapporter un passage qui développe très-bien cette influence, et qui complétera tout ce que j’ai dit sur ce sujet. — Il est tiré de la Géologie de Labèche, pages 246 et suivantes.

« … Une différence dans le climat a dû produire d’autres variations visibles, tant dans les roches supracrétacées, que dans celles qui se sont formées antérieurement. Il est probable que plus un climat était chaud et approchait des tropiques, plus l’évaporation et la quantité de pluie devaient être considérables, et plus aussi le pouvoir de certains agents météoriques devait avoir d’intensité ; conséquemment, dans cette hypothèse, les différents dépôts doivent présenter des traces d’autant plus marquées de l’influence de pareils climats, que l’époque à laquelle ils ont été formés est plus ancienne. Si des pluies semblables à celles des tropiques venaient se précipiter sur de hautes montagnes, telles que les Alpes, en supposant même à plusieurs d’entre elles une élévation moindre que celle qu’elles ont, ces pluies produiraient des effets bien différents de ceux que nous observons maintenant dans ces mêmes contrées : on verrait se former tout à coup des torrents dont les habitants actuels de ces montagnes n’ont aucune idée ; ces masses d’eau entraîneraient des quantités de détritus bien plus grandes que celles que charrient les torrents actuels des Alpes, dont cependant le volume est assez considérable. Ainsi, en admettant toutefois l’exactitude de l’hypothèse ci-dessus, il faut toujours tenir compte des différences produites sur la surface de la terre par l’action des agents météoriques, laquelle est d’autant plus puissante que le climat est plus chaud. On doit particulièrement avoir cette attention, lorsque, d’après l’observation d’une série de couches du même district, il paraît évident que la température sous l’influence de laquelle elles se sont formées a graduellement diminué.

» Examinons maintenant jusqu’à quel point la végétation peut, dans les climats chauds, contrebalancer le pouvoir de décomposition et de transport que possèdent les agents atmosphériques. Il paraît que, toutes circonstances égales d’ailleurs, plus un climat est chaud, plus la végétation qu’il produit est vigoureuse. La question se réduit donc à celle-ci : la végétation protège-t-elle le sol contre l’action destructive de l’atmosphère ? Il est presque impossible de répondre autrement que par l’affirmative. Si nous manquions de preuves de ce fait, nous en trouverions dans ces élévations artificielles de terre, ou barrows, — qui sont si communes dans plusieurs parties de l’Angleterre : elles ont été exposées, dans ce climat, à l’action de l’atmosphère pendant environ deux mille ans ; et cependant elles n’ont éprouvé, dans leur forme, aucune altération sensible, quoique, au moins pendant une partie considérable de ce laps de temps, elles n’aient été recouvertes que par une légère couche de gazon. Si maintenant on admet que la végétation protège jusqu’à un certain point la terre qu’elle recouvre, il s’ensuit que plus la végétation est forte, plus sa protection est efficace, et que, par conséquent, la terre est toujours garantie de l’action destruc-