Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 27 —

notre aimable héroïne ne sait plus où donner de la tête pour bien seconder sa patronne, pour placer les corbeilles de fleurs, les fruits, les bonbons qui arrivent à tout instant. Les fracs, les smoking, les robes décolletées des femmes voisinent avec les costumes brodés et les bijoux des notables indigènes… des aigrettes sans prix se balancent sur des turbans…

— Mademoiselle Michette… ne vous sauvez pas… J’ai attendu longtemps pour vous voir…

Michette qui sortait avec précipitation de la loge d’Irma s’arrête, surprise. Un Hindou est devant elle, barrant de son gros ventre et de sa corpulence l’étroit couloir où elle allait s’engager.

— Oui, mademoiselle Michette, reprend-il avec un fort accent qui le fait zézayer, et en cherchant ses mots, j’ai pris une passion pour vous, et… je…

Mais Michette l’interrompt :

— Ben, mon vieux coco, tu peux la rengainer ta passion… Pour qui me prends-tu ?… À ton âge ! Et avec un ventre comme ça ! fait-elle avec une moue dégoûtée en pointant du doigt l’abdomen de l’infortuné. Allons, va porter ton bouquet à la patronne et fiche-moi la paix…

— Mademoiselle Michette… écoutez !… La patronne ? J’aime pas… J’aime… Michette… heu… Hier… j’ai aimé tout de suite… Maintenant, je veux donner beaucoup… mes richesses pour Michette. Je vous prie !

Et il joint les mains devant l’insensible enfant qui se met à rire de tout son cœur.

— Oh ! là ! là ! ce que tu peux être rigolo, mon bonhomme ! Non, mais, regardez-le avec ses mains jointes et ses yeux ronds, Allons, calme-toi, mon bouddha et pense à autre chose… Je te l’ai déjà dit. Moi, je ne couche qu’avec des types qui me plaisent. Ce qui veut dire que je ne coucherai jamais avec toi… jamais ! J’ai dit… et laisse-moi passer !

— Oh ! fait le gros homme douloureusement, mais sans bouger d’un pas. Oh !… jamais ? ! Pourtant je donnerais ma fortune, mon palais, mes bijoux. Je ferais la vie superbe.