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Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/38

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chette en imitant son geste… Allons, il y a encore une chose que tu ne pourrais faire, même si tu le voulais.

— … Quoi donc ? demanda l’homme bronzé.

— … Eunuque ! va ! laisse tomber Michette avec une petite moue méprisante,

Les yeux de l’homme brillent, il regarde la jeune femme avec une drôle d’expression avide et tendre… quelques secondes… puis, comme avec efforts, les paupières s’abaissent, les yeux s’éteignent…

— Hélas ! dit-il, le sort m’a été contraire et cruel, quel tristesse que d’être privé de la chose la plus douce qui soit au monde ! une femme. J’ai eu des regrets terribles… puis le calme est venu. Mais aujourd’hui que je vous vois… toute mon amertume se réveille… Vous êtes si délicieuse, si fine, si jolie !

Michette regarde ce beau garçon si admirablement découplé, à la figure expressive, et que le bronze clair de sa peau fait ressembler à une statue. Et un regret monte aussi en elle… Mais soudain elle s’avise que son interlocuteur manie joliment bien la langue française. Curieuse, elle demande :

— Mais comment se fait-il que tu parles si bien le français ?

— Parure du ciel, répond-il en s’inclinant, j’ai combattu pour sauver l’Angleterre pendant la guerre, et je suis resté trois ans en France j’ai pu apprendre votre splendide langage.

— Ah ! fait Michette avec une nuance d’admiration, c’est bien, tu es un brave, tous mes compliments.

Et tandis que l’eunuque la guide vers les appartements qui doivent être les siens, elle lui jette des regards où se lit une sympathie attendrie. Il est intelligent, ce garçon, pense-t-elle, c’est bien le diable si je ne le décide pas à m’aider à me sauver de là…