Aller au contenu

Page:Suzie Kerry Michette au harem 1926.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 37 —

ix


Affalé sur les coussins, le maharajah de Kankiyanha-Plhu-Yanah-Angkor, regarde ses houris exécuter leurs danses les plus voluptueuses. Hélas ! depuis que, après avoir au grand théâtre, reçu un refus catégorique de Michette, il a fait enlever l’objet de sa flamme, il n’a pu arriver à… dévorer sa proie. Plusieurs fois déjà il a cru pouvoir… mais il a dû déchanter pour deux raisons : la résistance obstinée de Michette et la pénurie de ses propres moyens. En homme expérimenté, il estime que le plus grand obstacle gît en lui… ; pour le reste, un bon eunuque viendra à bout de la mauvaise volonté de Michette en immobilisant la victime pour le sacrifice. Le grand prêtre lui a préparé les mixtures les plus savantes, les boissons les plus aphrodisiaques et a fait pour la réussite de son maître deux jours de jeûne et de macérations. Le maharajah s’est imposé la lecture des livres les plus suggestifs tels que le Kama-Soutra, la Bible, la Garçonne, etc. Et maintenant, l’imagination excitée au plus haut point, il sent ses désirs se préciser… Les mouvements langoureux de ses danseuses versent leur passion dans le corps de l’impatient patient. Des frissons voluptueux le parcourent, la douce image de Michette se substitue à celles de ses danseuses pour ses yeux énamourés… C’est elle qu’il voit évoluer demi-nue devant lui… frappant en cadence les anneaux de ses chevilles, courbant et relevant son corps languissamment, frémissant tout à coup ou s’arrêtant, comme défaillant sous la caresse… C’est elle, elle, Michette, l’adorable dédaigneuse qu’il va enfin punir de son dédain… Le sortilège le prend de plus en plus, Michette est là, devant lui, il tend les bras, il l’étreint en pensée, il sent la chaleur, la douceur de son petit corps charmant… Un feu, longtemps oublié, coule dans les veines du vieux maharajah dont l’œil se ranime… Les houris tournent toujours dans la lumière voilée, dans l’air lourd de parfums.