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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/297

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LE DÉFAUT ET LES EFFETS DU SYSTÈME


douanes ; au personnel des ponts et chaussées, des forêts domaniales, des haras, des postes et télégraphes, du tabac et des autres monopoles publics ; au personnel de toutes les entreprises qui devraient être privées. Sèvres et Gobelins, Instituts des sourds-muets et des jeunes aveugles, mais que l’État prend et dirige à son compte ; au personnel de toutes les fabriques auxiliaires et spéciales, engins de guerre et de navigation, que l’État défraye et régit. J’en passe, il y en a trop. Remarquez seulement que l’indulgence ou la sévérité de la préfecture, en fait de contraventions et d’irrégularités fiscales, est un avantage ou un danger de premier ordre pour 377 000 débitants de boissons, qu’une dénonciation admise par la préfecture peut ôter le pain de la bouche à 38 000 desservants et vicaires[1], à 43 000 employés et facteurs des postes et télégraphes, à 45 000 débitants de tabac et receveurs buralistes, à 75 000 cantonniers, à 120 000 instituteurs et institutrices[2], que, directement ou indirectement, la bienveillance ou la malveillance de la préfecture importe, depuis la récente loi militaire, à tous les adultes de vingt à quarante-cinq ans, et, depuis les dernières lois scolaires, à tous les enfants de six à treize ans. — D’après ces chiffres, qui,

  1. M. Anatole Leroy-Beaulieu, 105 : « Chaque chef-lieu de canton a son office de délateurs, et M. le ministre des cultes nous a lui-même appris que, au 1er janvier 1890, il y avait 300 curés privés de leur traitement, soit trois ou quatre fois plus qu’au 1er janvier 1889. »
  2. Ces chiffres sont extraits des plus récentes statistiques ; quelques-uns m’ont été fournis par des chefs ou directeurs de services spéciaux.