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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/158

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l’ancienne race et de l’ancien génie. Plusieurs de ces vieilles femmes ressemblent aux sibylles de la Renaissance. Tel paysan en guêtres de cuir, avec son manteau taché de terre, a la plus admirable figure, le nez busqué, le menton grec, les yeux noirs qui parlent, tout pétillants et luisants de génie naturel. Sous les voûtes de Constantin, j’entendais depuis une demi-heure une voix qui semblait psalmodier des litanies. J’approche, je trouve un jeune homme assis par terre, qui lisait tout haut, d’un ton de récitatif, devant cinq ou six drôles couchés, l’Orlando furioso, le combat de Roland et de Marsile. — Vous retournez souper dans la première auberge venue, chez Lepri : un pleutre sale, un coiffeur pommadé avec un vieux toupet gras qui lui tombe jusqu’aux joues, s’installe dans la salle voisine, muni d’une mandoline et d’un petit piano portatif à pédales ; avec ses deux bras et ses pieds, il fait le chant, la basse, et vous joue des airs de Verdi, un finale de la Sonnambula ; la délicatesse, l’élégance, la variété, l’expression de son jeu, sont admirables. Ce pauvre diable a une âme, l’âme d’un artiste et l’on oublie de manger en l’écoutant.



Le Vatican.


C’est ici probablement le plus grand trésor de sculpture antique qu’il y ait au monde. Voici une page de grec qu’il faut avoir dans l’esprit en le parcourant.


« Je les questionnai, dit Socrate, au sujet des jeunes gens, pour savoir s’il y en avait quelques-uns parmi eux éminents en sagesse ou en beauté, ou des deux façons à la fois. — Alors Critias, ayant regardé vers la porte, vit quelques jeunes gens qui entraient et se