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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/258

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et de leurs frères. Sixte-Quint donne à un de ses petits-neveux le cardinalat et cent mille écus de bénéfices ecclésiastiques. Clément VIII, en treize ans, distribue à ses neveux les Aldobrandini, en argent comptant seulement, un million d’écus. Paul V donne au cardinal Borghèse cent cinquante mille écus de bénéfices, à Marc-Antoine Borghèse une principauté, plusieurs palais à Rome, les plus belles villas du voisinage, à tous des diamants, des argenteries, des carrosses, des ameublements entiers, un million d’écus d’argent comptant. Avec ces profusions, les Borghèse achètent quatre-vingts terres dans la seule campagne de Rome, et d’autres ailleurs. En effet, le pape n’est qu’un grand fonctionnaire âgé, dont la place est viagère ; sa famille est obligée de l’exploiter au plus vite. À chaque règne, les prodigalités deviennent plus grandes. Sous Grégoire XV, le cardinal Ludovisio reçoit pour deux cent mille écus de bénéfices ; son oncle, père du pape, est aussi bien traité. Le pape fonde des luoghi di monte pour huit cent mille écus qu’il leur donne. « Ce que possèdent les maisons Peretti, Aldobrandini, Borghèse et Ludovisio, dit un contemporain, avec leurs principautés, leurs énormes revenus, tant de magnifiques bâtiments, d’ameublements superbes, d’ornements et d’agréments extraordinaires, tout cela surpasse non-seulement la condition des seigneurs et des princes non souverains, mais encore les approche de celle des rois eux-mêmes. » Sous Urbain VIII, les Barberini reçoivent jusqu’à cent cinq millions d’écus ; les choses vont si loin que le pape a des scrupules et nomme une commission à ce sujet. En effet, pour fournir à ces libéralités, il fallait emprunter, et les finances étaient dans un triste état : à la fin du