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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/379

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Véritablement elle est ici la troisième personne de la Trinité et remplace le Saint-Esprit, qui, n’ayant point de figure corporelle, échappe au peuple. Pour des gens qui n’imaginent les puissances célestes qu’avec un visage, qui peut être plus attrayant et plus miséricordieux qu’une femme ? Et qui peut être plus puissant et plus accrédité qu’une femme si aimée auprès d’un fils si bon ? Je viens de feuilleter la Vergine, un recueil de vers et de prose qui se publie toutes les semaines en l’honneur de Marie. Le premier article traite de la visite de la Vierge chez Élisabeth, et du temps probable que dura cette visite ; à la fin est un sonnet sur l’ange qui, trouvant Marie si charmante, eut quelque peine à s’en retourner au ciel. Je n’ai pas ici le texte, mais je garantis le sens, et un pareil journal se trouve sur la table des gens du monde. — On vient de me faire acheter il Mese di Maria, petit livre fort répandu qui indique le ton de la dévotion à Rome. Ce sont des instructions pour chaque journée du mois de Marie, avec pratiques et oraisons, lesquelles sont appelées fleurs, guirlandes et couronnes spirituelles. « Qui peut douter que la bienheureuse Vierge, qui est si libérale, si magnanime, ne doive, entre tant de couronnes de gloire qui sont à sa disposition, en conserver une pour celui qui avec une constance infatigable se sera employé à lui offrir lesdites couronnes ? » Suivent de petits vers et trente histoires à l’appui. « Un jeune homme nommé Esquilio, qui n’avait pas plus de douze ans, menait une vie très-scélérate et très-impure. Dieu, qui voulait l’amener à soi, le fit tomber gravement malade, tellement que, désespérant de sa vie, d’heure en heure il attendait la mort. Comme il avait perdu le sentiment et