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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/380

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qu’on le croyait trépassé, il fut conduit dans une chambre pleine de feu, et, cherchant à fuir les flammes, il vit une porte par laquelle, s’étant acheminé, il entra dans la salle, où il trouva la reine du ciel avec beaucoup de saints qui lui faisaient cortège. Esquilio se jeta tout d’un coup à ses pieds ; mais avec des yeux sévères elle le repoussa loin d’elle, et ordonna que de nouveau il fût mené au feu. Le malheureux implora les saints, et ceux-ci eurent de Marie cette réponse, qu’Esquilio était un grand scélérat, et qu’il n’avait pas même récité un Ave Maria. Les saints s’interposèrent de nouveau, disant qu’il avait changé de conduite, et cependant Esquilio, plein d’une grande terreur, promettait de se donner tout entier à l’Esprit et de le servir tant qu’il vivrait. Alors la Vierge, lui ayant fait une sévère réprimande, l’exhorta à racheter ses péchés par la pénitence, à garder sa promesse, et révoqua l’ordre qu’elle avait donné de le jeter dans le feu. » — Deux jeunes gens se promenaient en bateau sur le Pô ; l’un d’eux récite l’office de la madone, l’autre refuse, disant que c’est jour de congé. La barque chavire, et tous deux invoquent la Vierge ; elle arrive, prend par la main le premier et dit à l’autre : « Puisque tu ne t’es point cru obligé de m’honorer, je ne suis pas obligée de te sauver, » et il se noie. — Un jeune libertin avait dérobé une des plumes avec lesquelles on inscrivait sur le registre les noms des fidèles qui s’affiliaient à la congrégation de Marie ; il prend cette plume pour écrire un billet doux et reçoit sur la joue un grand soufflet, sans voir la main qui l’a frappé. En même temps, il entend ces paroles : « Scélérat, ; as-tu bien l’audace de souiller une chose qui m’est consacrée ? » Il tombe à terre, et sa joue reste