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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/193

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de rougeurs fugaces de la face, laquelle, dans les intervalles, pâlit et se grippe légèrement.

Puis, survient une légère moiteur du corps, plus particulièrement localisée à la paume des mains. La gorge a une tendance à se sécher ; et un peu de raideur des articulations se produit, suivie de douleurs lombaires de fatigue dans la station debout.

Au milieu de cet ensemble de symptômes, l’esprit reste absolument calme, et le cœur ne bat ni plus vite ni plus lentement.

Après quoi, brusquement, intervient un phénomène optique. Quelques nuages mouches ou bluettes passent devant les yeux et semblent prendre des formes vagues et indécises, en même temps que des frôlements ont lieu sur la face, comme si l’on vous soufflait dessus ou comme si l’on vous passait des fils de soie sur le visage. En même temps, dans le silence, les oreilles vous bruissent légèrement ; c’est un bruit intermittent, léger et discret.

On se sent, à ce moment, entouré de quelque chose, comme d’une gaze, ou plutôt d’une sorte de couche d’électricité extérieure, qui vous donne, sous les vêtements, la sensation de froid et d’horripilation ; les cheveux se soulèvent légèrement.

Bien que parfaitement calme, -— et il faut l’être pour assister, en spectateur résolu, à certaines abominations, — on se sent, malgré soi, pris, entouré (je dirai presque : surveillé), par quelqu’un ou quelque chose d’indéfinissable, de fluide ; on se sent comme imprégné de surnaturel.

En ce qui me concerne, les phénomènes se sont toujours terminés par deux petits coups très secs et très nets, frappés sur mon épaule droite, comme si un esprit me prévenait de sa présence, comme s’il tenait à me faire constater que je n’allais pas assister à des œuvres de supercherie.

Les collègues lucifériens ou les spirites ordinaires que j’ai interrogés, m’ont affirmé avoir éprouvé des sensations analogues, débutant par le léger frisson accompagné de chaleur intermittente, suivi de tous les phénomènes que je viens de décrire, et se terminant par l’impression des deux petits coups, comme deux fortes chiquenaudes, dont ils se sentent, sans aucune erreur possible, frappés en une partie du corps, épaule droite ou gauche, nuque, l’une ou l’autre joue, haut du crâne, tempe droite ou gauche, front, n’importe où enfin, mais toujours au même endroit. Le frère Ruchonnet, vice-président actuel de la Confédération helvétique, qui est un des principaux chefs de l’occultisme en Europe, sent, lui, les deux petits coups sous le menton et frappés très précipitamment. Adriano Lemmi a déclaré à Cresponi, qui me l’a répété, que, lui, à la fin des phénomènes précurseurs habituels, il n’éprouve pas l’im-